Récit d'expédition jour 8 : dernière exploration en kayak
Nous avons atteint les îles des Shetlands du sud et plus particulièrement half moon island. Les paysages n'ont plus rien à voir avec ceux de la péninsule antarctique. En effet, ici il n'y a quasiment pas de neige mais des rochers. Seuls les hauts sommets sont recouverts d'une fine pellicule blanche.
C'est notre dernière sortie en kayak, il faut savourer même si elle n'aura pas la même saveur que les autres. Ici pas d'icebergs et pas de traces de baleines. La nouveauté c'est de faire du kayak avec une houle modérée, c'est plutôt sympa. Après avoir longé la côté en forme de lune, nous accostons sur une plage où vit une colonie de manchots à jugulaire. Plus loin deux éléphants de mer femelles très imposantes se reposent, c'est la première fois que nous voyons cette espèce. Sur le chemin du retour vers les zodiacs nous observons deux femelles otaries à fourrure. Avant d'embarquer, nous décidons de tester la combinaison étanche de kayak et nous jetons à l'eau. En effet elle est bien étanche :-)
Retour sur le professor Multanovskiy qui lève l'ancre à destination d'Aichoa island. Ce lieu est très différent car il n'y a pas du tout de neige, pas même une trace. Le sol est très boueux et par endroits recouvert de mousse. La couleur verte est donc prépondérante ce qui contraste avec le blanc observé depuis 6 jours. La plage est colonisée par des manchots papou dont les nouveaux-nés sont déjà aussi grands que les adultes. Ne leur manque que le plumage adéquat pour aller dans l'eau. Mais bien qu'ils aient l'air d'adultes ils n'ont pas encore les réflexes pour se défendre. Pour preuve ce bébé manchot enlevé par un labbe antarctique qui l'a attrappé lors d'un vol en rase motte. Saisi par le cou le manchot fût sciament noyé par le labbe qui s'est posé sur l'eau, le manchot dans ses serres, puis dévoré sur la plage au cours d'un banquet d'une dizaine de convives.
Plus loin nous avons repéré une vingtaine de femelles éléphants de mer sur une autre plage, en pleine période de mue et agglutinées les unes aux autres pour se tenir chaud. Lors du retour, sur un promontoir, nous avons repéré plusieurs nids de pétrels géants, ces grands oiseaux dont le vol majestueux n'égale cependant pas celui de l'albatros.
Puis ce fût le moment de regagner les zodiacs tout en sachant que cela marquait la fin de notre présence dans ces lieux fantastiques et le début du retour vers Ushuaïa avec comme point noir le passage Drake qui a marqué les esprits.